Clik here to view.

Comme le remarque l'historienne Michèle Riot-Sarcey, "Le Deuxième sexe de Simone de Beauvoir parait en 1949, dans ce mouvement d'après guerre où sujet et liberté tentaient de se frayer un chemin à travers la nécessaire libération collective préconisée par les partis dits marxistes ou assimilés". C'est en effet l'époque de l'existentialisme de J.-P. Sartre pour lequel "l'existence précède l'essence". Dans ce livre, le déterminisme naturel qui transforme la vie des femmes en prison est remis en cause dans tous les domaines (histoire, éducation, famille, travail). D'après la célèbre formule de l'auteur, "on ne nait pas femme: on le devient. (...) Aucun destin biologique, psychique, économique ne définit la figure que revêt au sein de la société la femelle humaine". La sexualité féminine est présentée dans sa dimension libératrice. Le Deuxième sexe est en effet à la fois un hymne à la liberté mais aussi une invitation à l'esprit critique à l'égard des mentalités sexistes et de leur histoire. Le succès du livre est très important dès sa sortie. 22000 exemplaires sont vendus pendant la première semaine. Le livre fait un véritable scandale dans une société encore très conservatrice. L'écrivain François Mauriac déclare à son sujet dans le Figaro du 30 mai 1949: "La littérature de Saint-Germain-des-Près d'après-guerre atteint les limites de l'abject". Les critiques sont aussi bien issues du Parti communiste que de l'Eglise. Cet ouvrage est même mis à l'index en 1956, ce qui entraîne sa disparition des librairies religieuses. Pourtant, les idées de libération individuelle font leur chemin dans les générations d'après-guerre qui considère souvent le livre de S. de Beauvoir comme une bible. Elles sont à l'origine de la mobilisation des femmes des années 1960 dans de nombreux domaines. Cette mobilisation est couronnée par un certain nombre de succès. En 1965, le Code civil est modifié pour empêcher l'époux de s'opposer au libre travail de sa femme et le Parti communiste se prononce enfin pour la "libre maternité". L'usage de la contraception gagne du terrain avec le Mouvement français du planning familial jusqu'à la loi Neuwirth de 1967. La légalisation de l'avortement est alors proche.